jeudi 5 mai 2011

Ben Laden, un héros français ?


Ben Laden est en passe de devenir un héros, une légende ! 

Pourquoi ?

D'une façon générale,  Ben Laden, même officiellement condamné, représente dans une partie du monde musulman un héros combattant un occident hégémonique, presque sans moyens, il a réussi à défier l'ogre occidental pendant près de dix ans, si l'on considère le 11 septembre 2001 comme le début de cette guerre.
Il est, d'un sens, le nouveau Che Guevara, combattant infatigable et icône de la contestation contre l'ordre établi, même si les valeurs des deux hommes divergent totalement, d'un coté le marxiste athée, de l'autre l'intégriste musulman, ils partagent ce coté jusqu'au boutiste, "Nous avons fusillé, nous fusillons et nous continuerons à fusiller tant que cela sera nécessaire. Notre lutte est une lutte à mort" avait déclaré Guevara devant les Nations Unies, cette phrase aurait pu être reprise par OBL en remplaçant fusiller par terroriser. 
Ben Laden en Afghanistan, en 2002
Ben Laden en Afghanistan, en 2002


Où ça ? 

Un peu partout dans le monde musulman, à commencer au Pakistan, où 70 avocats d'Abbottabad, la ville pakistanaise où les Américains ont retrouvé et  tué lundi Oussama ben Laden, ont manifesté mercredi contre cette opération qu'ils considèrent comme une violation de la souveraineté pakistanaise, certains qualifiant le chef d'al-Qaida de "héros", un sentiment résumé par Tahir Faraz Abbasi, président du barreau d'Abbottabad qui a déclaré: "nous condamnons le terrorisme mais nous ne pouvons accepter aucune violation de la souveraineté de notre pays".
Al-Jazira, la chaîne de télévision qatarie, ne dissimulait pas son émotion à la mort d'OBL, il faut dire qu'elle avait la primauté de toutes ses déclarations, la chaîne du Qatar perd ainsi celui qui a fait sa renommée, n'empêche, Le Monde titrait "On dirait qu'Al-Jazira est en deuil", et ce sentiment de la plus célèbre des chaînes arabes traduit évidemment celui qui domine dans le monde musulman.


La popularité de Ben Laden et le soutien à peine voilé des Pakistanais ne sont pas une surprise, il fallait bien que le pays où il se cachait lui soit favorable pour y rester aussi longtemps sans être inquiété, plus étonnant, l'ex-chef d'Al-Qaida est populaire, voire perçu comme un héros  chez les jeunes dans nos cités françaises.
En France ?
C'est l'excellent Bondy Blog qui évoque cette attitude à priori surprenante des jeunes Français d'origine immigrée, les journalistes du BB sont allés écouter ces jeunes à la sortie d'un lycée à la Courneuve,  et globalement, ils  voient en Oussama ben Laden quelqu'un qui était du coté des Arabes contre l'Occident, et, pour ces Français là, les Arabes, c'est eux, et l'ennemi, c'est l'Occident dans son ensemble, ce qui inclut donc la France, leur pays.
Une schizophrénie communautaire inquiétante qui s'explique facilement, ces populations ne se sentent pas françaises de coeur, elles sifflent volontiers la Marseillaise en cas de compétition contre les pays arabes ou maghrébins, mais elles s'estiment, et à juste titre, françaises de droit, le scandale récent des quotas en équipe de France de football et l'écho qu'il trouve dans les populations d'origine immigrée est parfaitement éloquent et illustre ce malaise grandissant, ce cancer de la société française qui voit deux parties distinctes de la nation qui risquent bien de devenir antagonistes, voire de s'affronter.


Quelques mots rapportés par le Bondy Blog : "En tout cas, c’est pas un terroriste. Il voulait seulement faire du bien pour son peuple musulman." et encore," Ben Laden, c’est mon père. (..) C’est un modèle. Il a échappé pendant dix ans aux Américains.", pour finir, "Le 11-Septembre, il n’a pas fait ça pour rien. Il avait de bonnes raisons.".
La fracture de la société française, elle est là, essentiellement, entre ces Français issus de  l'immigration et qui ne reconnaissent pas la France, ou plutôt qui ne se reconnaissent pas dans la France, et les autres qui ne comprennent pas, ou n'acceptent pas, cette défiance, c'est sur elle que prospère Marine Le Pen, et ce sont les questions posées par cet incroyable malentendu auxquelles  le prochain président de la République devra répondre sans les éviter, comme à gauche, avec un objectif, l'unité nationale, pas comme à droite.


Galahad

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