samedi 7 mai 2011

EXCLU – Affaire des Quotas : d'autres preuves !

EXCLU365 – AFFAIRE DES QUOTAS / FABRICE ARFI :

« D'AUTRES PREUVES ? POSSIBLE »


EXCLU365 – AFFAIRE DES QUOTAS / FABRICE ARFI :  « D'autres preuves ? Possible »



Journaliste à Mediapart, Fabrice Arfi fait le point sur l'affaire des quotas après une semaine. Il avoue avoir sous-estimé le raz-de-marée tout en laissant la porte ouverte à d'autres preuves.  
Fabrice Arfi, une semaine après que l'affaire des quotas ait été révélée, pouvez-vous faire un point ?
Ce qui paraissait sidérant il y a une semaine est désormais acquis. On a bien vu que les démentis des premiers jours ont donné lieu à un silence assourdissant des principaux protagonistes. Et même à des excuses timides de Laurent Blanc qui pourtant démentait tout de A à Z et n'avait jamais entendu parler de quotas. On voit bien avec notre dernière révélation, la publication du graphique, que contrairement à ce qui est dit, ce n'était pas qu'une discussion. Que la réunion du 8 novembre était une réunion officielle, institutionnelle, décisionnelle et que le graphique en est une illustration matérielle. Je constate qu'il y a eu des relais institutionnels avec nos révélations, que ce soit du côté de la Fédération ou du Ministère des Sports. On ne peut que s'en réjouir et j'espère que les enquêtes se font normalement, sans pression. Je pense que la Fédération est dans une position compliquée, en étant à la fois juge et parti dans cette histoire depuis qu'on a révélé que, dès le 9 novembre, le directeur général adjoint Monsieur Prévosto était détenteur de l'enregistrement.
Pensiez-vous que cette affaire allait prendre une telle ampleur ?
Je me doutais bien que le foot étant le sport numéro un et que Laurent Blanc étant impliqué dans l'affaire, ça allait avoir une résonance particulière. Mais sincèrement, j'avais sous-estimé le raz-de-marée. Ce que je suis en train de vous dire est une évidence. C'est-à-dire qu'on ne peut pas discriminer des enfants qui sont français selon l'origine des parents. On ne peut pas faire une hiérarchie au sein même de la communauté nationale selon une origine étrangère supposée ou réelle. Ça, c'est une discrimination sur l'origine. Tout ça relevait tellement de l'évidence pour nous que le débat a pris une forme qui me sidère un peu. On en est à se demander si Laurent Blanc est raciste alors que ce n'est pas la question posée par Mediapart.
Mediapart peut-il désormais avoir une image négative en relayant ce scandale ?
Ce n'est pas Mediapart qui fait du mal au football ou à la société. Ceux qui font du mal au football, ce sont ceux qui pensent qu'on peut discriminer des enfants de 12 ans selon l'origine de leurs parents. Ceux qui font du mal au football, ce sont ceux qui pensent il y a les noirs qui sont grands et costauds d'un côté et les petits blancs avec l'intelligence du jeu de l'autre. Ce sont ces gens-là qui font mal au football. Quand j'étais minot, j'ai regardé France 98. J'étais même à la finale au Stade de France et j'étais absolument fan de Laurent Blanc. Le football, ce n'est pas ce qu'on entend dans cette réunion, ce n'est pas ce qui se dessine en essentialisant la couleur de la peau ou en se disant qu'il faut faire des quotas discriminatoires. Donc ce n'est pas Mediapart qui fait mal au football. Mais c'est vrai qu'on y est déjà habitué car quand on a révélé l'affaire Betancourt, c'était déjà la même chose. C'est-à-dire que lorsque l'on révèle une affaire importante et grave, il faut toujours s'en prendre au messager car ça vous permet de ne pas réfléchir au fond de l'affaire et ça vous permet de faire diversion. C'est juste un peu fatiguant de passer notre temps à devoir se justifier et à devoir expliquer des choses qui sont pourtant limpides.
Mediapart monte crescendo dans ses révélations. Comment fonctionnez-vous dans cette affaire ?
Disons que nous souhaitons rester maîtres de notre agenda. Le premier article que nous avons publié est une enquête qui n'avait pas que la réunion du 8 novembre comme élément. On a voulu ramasser tout ce que nous avions pu regrouper, vérifier, hiérarchiser et il y a eu une cristallisation de la tension sur la réunion du 8 novembre. Mais on parle de la réunion d'Ouistreham en juillet de même d'anecdotes qui remontent à 1997. On a évidemment de nombreux témoins.
Peut-on s'attendre à la parution d'autres preuves dans les jours à venir ?
C'est possible. On est plusieurs journalistes à temps plein sur l'affaire et on récupère des informations. Moi, il y a autre chose qui me sidère un peu : c'est une partie de nos confrères qui sont plus obsédés par la traque de nos sources potentielles que par les informations. Venant de journalistes, c'est surréaliste. Quand je lis qu'on parle de Mohamed Belkalcemi comme une taupe, c'est un scandale. Une taupe, c'est un espion, un agent de l'étranger, un traître. Je lis un peu partout qu'on serait la marionnette d'untel ou d'untel sur fond de guerre de succession à la Fédération Française de Football. Sincèrement, je suis un peu sidéré. Plusieurs personnes, même au sein de l'appareil du football, sont scandalisées par ce qu'il se passe et par la politique qui est mise en place et par les consignes qui sont données
.

Aucun commentaire: