samedi 7 mai 2011

EXCLUSIF: Tout sur L'Affaire des quotas...


DOSSIER365 / L'AFFAIRE DES QUOTAS :

L'AFFAIRE !


DOSSIER365 / L'AFFAIRE DES QUOTAS : L'Affaire !

Quelles sont les origines de cette affaire des quotas ? Quelles conséquences pour Laurent Blanc et la FFF ? Faut-il attendre des sanctions pénales ? Football365 répond aux principales questions.

La FFF est dans la tourmente depuis jeudi dernier. La DTN a en effet émis l'idée de mettre en place une discrimination « ethnique » à l'entrée de ses centres de formation. Mais pourquoi cette discussion a-t-elle eu lieu un soir de novembre 2010 ? Depuis trois ans,le foot français a décidé de changer la philosophie de son jeu, via la formation. Les échecs de 2008 et 2010 ont confirmé ce désir de changement, passant d'une ligne directrice jugée trop défensive et physique vers une manière plus « espagnole » d'évoluer. Mais en s'attardant sur la refondation de la formation à la Française, les dirigeants vont petit à petit sortir de la route et faire une fixation sur l'origine des joueurs formés. Et d'une réflexion sur les critères physiques et techniques des enfants recrutés, la plupart des décideurs va doucement tomber dans un mode de pensée discriminatoire avec une cible privilégiée : les « grands, costauds… et blacks. » Le début de la fin.
Présent lors de cette fameuse réunion, Laurent Blanc n'a pas repoussé l'idée. Arrivé pour remplacer l'ombrageux Domenech, Le Chevalier Blanc avait pourtant tout pour lui : une aura immense comme joueur, un charisme important comme homme, une carte de visite comme entraîneur… Alors qu'il parvenait à faire oublier les résultats et la communication version Domenech, le Président de la France Black Blanc Beur de 1998 s'emmêle les pinceaux sur la question des bi-nationaux et ternit une image jusqu'ici quasi parfaite. Pourtant, Blanc n'a rien du raciste primaire que certains voudraient dépeindre trop facilement. Mais aujourd'hui, il est mis en avant pour ne pas avoir dit non à l'idée de quotas…
Si l'indignation est générale depuis une semaine, la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme n'a pas paru franchement surprise par les révélations de Mediapart. Depuis des mois, la LICRA a du mal à travailler avec la FFF contre le racisme. Carine Bloch, vice-présidente de la commission sport, insiste sur l'aspect choquant des propositions formulées le 8 novembre. Elle ne charge pas forcément Laurent Blanc mais elle tire à boulets rouges sur les pontes de la Fédé qui, au mieux, ne font rien contre ces problèmes. 

La LICRA n'est pas étonnée

Nous ne sommes pas spécialement surpris. Des dérapages, nous en entendons souvent. Mais la question des quotas, c'est la première fois ! Je ne pense pas que Laurent Blanc soit quelqu'un de raciste mais quand j'entends les uns et les autres se défendre...  
Avocat à la cour, spécialisé en droit pénal de droit commun, en droit pénal des affaires et en droit de la responsabilité civile, Emmanuel Daoud exerce également en droit du sport et suit de très près les affaires qui touchent le monde du sport. Pour lui, l'affaire est grave (si les preuves matérielles accréditent les révélations de Mediapart) et devrait avoir de grandes répercussions. D'abord directement pour ceux qui auraient formulé des propos discriminatoires. Mais aussi indirectement. Aujourd'hui, la FFF peut s'attendre à voir des familles porter plainte pour discrimination si leurs enfants sont rejetés de la formation à la française sans raisons sportives incontestables.

L'oeil de l'avocat

L'auteur de ces propos savait pertinemment que cela pouvait générer des poursuites ou en tout cas connaissait l'exposition au risque pénal. Si de tels propos ont été tenus, la Ministre n'aurait pas d'autre choix que de transmettre au parquet.
De son côté, la maison FFF ne répond plus. La communication catastrophique est à l'image d'une Fédération aux abonnés absents, incapable de prendre les bonnes décisions. Depuis la grève de Knysna et la Coupe du Monde 2010, le président a changé mais les conflits restent. Et la 3F coule petit à petit. A quelque semaines de nouvelles élections, un grand coup de balai semble désormais inévitable tant les problèmes s'amoncèlent. Et s'il est avéré que malgré ses dénégations, Fernand Duchaussoy était au courant des propositions du 8 novembre, son passage à la tête de la FFF aura été éclair et marqué du sceau de l'échec.
D'autres pourraient suivre et faire leurs valises plus rapidement que prévu. En tête de liste : Laurent Blanc. Invité de Football365 dans le cadre des journées « rédacteur en chef », l'ancien gardien du PSG est revenu sur l'affaire des quotas qui secoue le football français. Choqué, le Guyanais espère que la lumière sera faite. « L'image de Blanc ne sera plus du tout la même, estime-t-il. Comment va-t-il réagir à cela ? Il dirige une équipe où il y a Rami, M'Vila, Diarra, Evra, Benzema ou Ben Arfa. Tous des garçons issus de la diversité et de l'immigration. Comment va-t-il se comporter avec ces garçons-là ? Même si ses propos ont dépassé sa pensée, c'est quelque chose qu'il avait en lui. C'est choquant et est étonnant d'entendre ce genre de choses. »

Lama : C'est pitoyable

On sait très bien qu'à chaque élection présidentielle, le problème de l'immigration revient. Et là, ça atteint le sport. On ne devrait pas toucher à cela. Je suis assez dubitatif sur certaines choses et certains propos qui ont été tenus.

EXCLU – Affaire des Quotas : d'autres preuves !

EXCLU365 – AFFAIRE DES QUOTAS / FABRICE ARFI :

« D'AUTRES PREUVES ? POSSIBLE »


EXCLU365 – AFFAIRE DES QUOTAS / FABRICE ARFI :  « D'autres preuves ? Possible »



Journaliste à Mediapart, Fabrice Arfi fait le point sur l'affaire des quotas après une semaine. Il avoue avoir sous-estimé le raz-de-marée tout en laissant la porte ouverte à d'autres preuves.  
Fabrice Arfi, une semaine après que l'affaire des quotas ait été révélée, pouvez-vous faire un point ?
Ce qui paraissait sidérant il y a une semaine est désormais acquis. On a bien vu que les démentis des premiers jours ont donné lieu à un silence assourdissant des principaux protagonistes. Et même à des excuses timides de Laurent Blanc qui pourtant démentait tout de A à Z et n'avait jamais entendu parler de quotas. On voit bien avec notre dernière révélation, la publication du graphique, que contrairement à ce qui est dit, ce n'était pas qu'une discussion. Que la réunion du 8 novembre était une réunion officielle, institutionnelle, décisionnelle et que le graphique en est une illustration matérielle. Je constate qu'il y a eu des relais institutionnels avec nos révélations, que ce soit du côté de la Fédération ou du Ministère des Sports. On ne peut que s'en réjouir et j'espère que les enquêtes se font normalement, sans pression. Je pense que la Fédération est dans une position compliquée, en étant à la fois juge et parti dans cette histoire depuis qu'on a révélé que, dès le 9 novembre, le directeur général adjoint Monsieur Prévosto était détenteur de l'enregistrement.
Pensiez-vous que cette affaire allait prendre une telle ampleur ?
Je me doutais bien que le foot étant le sport numéro un et que Laurent Blanc étant impliqué dans l'affaire, ça allait avoir une résonance particulière. Mais sincèrement, j'avais sous-estimé le raz-de-marée. Ce que je suis en train de vous dire est une évidence. C'est-à-dire qu'on ne peut pas discriminer des enfants qui sont français selon l'origine des parents. On ne peut pas faire une hiérarchie au sein même de la communauté nationale selon une origine étrangère supposée ou réelle. Ça, c'est une discrimination sur l'origine. Tout ça relevait tellement de l'évidence pour nous que le débat a pris une forme qui me sidère un peu. On en est à se demander si Laurent Blanc est raciste alors que ce n'est pas la question posée par Mediapart.
Mediapart peut-il désormais avoir une image négative en relayant ce scandale ?
Ce n'est pas Mediapart qui fait du mal au football ou à la société. Ceux qui font du mal au football, ce sont ceux qui pensent qu'on peut discriminer des enfants de 12 ans selon l'origine de leurs parents. Ceux qui font du mal au football, ce sont ceux qui pensent il y a les noirs qui sont grands et costauds d'un côté et les petits blancs avec l'intelligence du jeu de l'autre. Ce sont ces gens-là qui font mal au football. Quand j'étais minot, j'ai regardé France 98. J'étais même à la finale au Stade de France et j'étais absolument fan de Laurent Blanc. Le football, ce n'est pas ce qu'on entend dans cette réunion, ce n'est pas ce qui se dessine en essentialisant la couleur de la peau ou en se disant qu'il faut faire des quotas discriminatoires. Donc ce n'est pas Mediapart qui fait mal au football. Mais c'est vrai qu'on y est déjà habitué car quand on a révélé l'affaire Betancourt, c'était déjà la même chose. C'est-à-dire que lorsque l'on révèle une affaire importante et grave, il faut toujours s'en prendre au messager car ça vous permet de ne pas réfléchir au fond de l'affaire et ça vous permet de faire diversion. C'est juste un peu fatiguant de passer notre temps à devoir se justifier et à devoir expliquer des choses qui sont pourtant limpides.
Mediapart monte crescendo dans ses révélations. Comment fonctionnez-vous dans cette affaire ?
Disons que nous souhaitons rester maîtres de notre agenda. Le premier article que nous avons publié est une enquête qui n'avait pas que la réunion du 8 novembre comme élément. On a voulu ramasser tout ce que nous avions pu regrouper, vérifier, hiérarchiser et il y a eu une cristallisation de la tension sur la réunion du 8 novembre. Mais on parle de la réunion d'Ouistreham en juillet de même d'anecdotes qui remontent à 1997. On a évidemment de nombreux témoins.
Peut-on s'attendre à la parution d'autres preuves dans les jours à venir ?
C'est possible. On est plusieurs journalistes à temps plein sur l'affaire et on récupère des informations. Moi, il y a autre chose qui me sidère un peu : c'est une partie de nos confrères qui sont plus obsédés par la traque de nos sources potentielles que par les informations. Venant de journalistes, c'est surréaliste. Quand je lis qu'on parle de Mohamed Belkalcemi comme une taupe, c'est un scandale. Une taupe, c'est un espion, un agent de l'étranger, un traître. Je lis un peu partout qu'on serait la marionnette d'untel ou d'untel sur fond de guerre de succession à la Fédération Française de Football. Sincèrement, je suis un peu sidéré. Plusieurs personnes, même au sein de l'appareil du football, sont scandalisées par ce qu'il se passe et par la politique qui est mise en place et par les consignes qui sont données
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Mediapart, c'est quoi ?

Mediapart

Mediapart
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PaysDrapeau : France France
Langue(s)Français
PériodicitéQuotidienne
GenrePresse nationale
DiffusionInternet ex. (2008)
Fondateur(s)Edwy Plenel
Date de fondation2008
Éditeur

Directeur de publicationEdwy Plenel
Site Webmediapart.fr
Mediapart est un journal d'information sur le Web de type pure player créé en 2008 à l'initiative des journalistes François BonnetGérard DesportesLaurent Mauduit etEdwy Plenel1. À la différence de Rue89 ou de Slate.fr, autres pure player français, l'accès au contenu du site est proposé via un abonnement payant. Ce type de fonctionnement vise à proposer une ligne éditoriale indépendante. Le journal aurait ainsi atteint l'équilibre financier à l'automne 20102.
Dans la pratique, Mediapart se présente avec deux entrées principales : Le Journal, tenu par les journalistes professionnels de la rédaction, et Le Club, animé par les internautes abonnés de façon collaborative.
Le journal a joué un rôle clé dans la publication de l'Affaire Woerth-Bettencourt en 2010.

Caractéristiques
Le titre initialement projeté, MediaPart, a rencontré l’hostilité de la holding Média-Participations, vaste groupe d’édition comprenant entre autres une agence de presse religieuse et une activité éditoriale dans le domaine de la bande dessinée, de la vie pratique et de l’édition religieuse. Une action en justice fut même entamée pour contrefaçon, qui n'a toutefois pas dépassé le stade de la conciliation. Média-Participations qui espérait concourir pour le rachat d'Editis a jugé qu'il valait mieux qu'on ne parle pas trop d'elle. Ce qui n'était qu'un nom de code temporaire est devenu, de fait, à ce moment-là, le nom du site. Devant la campagne d’appel à l’opinion publique de MediaPart, Média-Participations, en effet, a renoncé à son action judiciaire et accepté la transformation du titre du journal en Mediapart. Un accord est intervenu sur la délimitation des champs d’activité de chacune des entreprises3. Certains ont pu voir paradoxalement dans cette affaire une campagne de promotion de ce nouveau projet journalistique4.

Structure

Mediapart est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS).

Les soutiens de Mediapart

Mediapart a reçu pendant sa campagne d’abonnements initiale de nombreux soutiens5 qui se sont manifestés dans une série de vidéos publiées sur le pré-site (voir entre crochets les interviews de chacun de ces soutiens sur Dailymotion).
De nature diverse, beaucoup viennent de femmes et d’hommes politiques de l'opposition au parcours variés : Noël Mamère6, de François Bayrou7Dominique de Villepin8 ou François Hollande9 à Arnaud Montebourg10,Olivier Duhamel11 et Catherine Trautmann12, de Malek Boutih13 et Khiari Bariza14 à Daniel Cohn-Bendit15José Bové16 et Olivier Besancenot17.
Le soutien qui fit le plus de bruit18 fut celui de Ségolène Royal, l’ancienne candidate à l’élection présidentielle de 2007, qui recommanda l’abonnement19 à tous les adhérents de son association Désirs d’avenir. Le directeurEdwy Plenel fut accusé de créer, sans l’avouer, un quotidien à son service. Ce fut l'objet de débats nombreux à l'intérieur et à l'extérieur de Mediapart. L’un des arguments les plus utilisés fut la collaboration entre Mediapartet l’agence Internet La Netscouade20, créée par Benoît Thieulin qui fit partie de l’équipe de campagne de Ségolène Royal. Le débat a repris avec la phase préparatoire du Congrès de Reims du PS21. En effet, de nombreux médias[réf. nécessaire] ont vu dans la prise de parole d'Edwy Plenel22 au cours d' un événement organisé par Ségolène Royal à la Maison de la Chimie le samedi 28 juin 200823 une affiliation du président de Médiapart à la ligne politique de la candidate socialiste. Edwy Plenel a répondu aux critiques ainsi : « Je serai là samedi pour intervenir sur la liberté de la presse, pas pour appeler à voter Ségolène Royal. Je réponds à toutes les invitations pour évoquer ce sujet. Et je répondrai positivement à toutes les autres têtes d'affiche du PS (et des autres partis), si elles me demandaient de venir parler d'indépendance des médias à leurs militants. »24. Suite à cette affaire, le Club de Mediapart a longuement polémiqué dans un article signé « Serval » de manière très passionnée concernant le bien-fondé de la candidature « Royal » à l’élection présidentielle de 200725. « Serval » a depuis résilié son abonnement, ne souhaitant pas, selon ses propres termes[réf. nécessaire] « être cantonné au rôle de caution « indépendante » vu qu'il existe, au sein du Club, une zone de non-droits d'expression dès que l'on porte un regard critique sur Ségolène Royal ».
De l'autre, E. Plenel écrit, le 11 juillet pour remercier ses soutiens face aux attaques en provenance de l'Elysée : "Loin d'être les otages d'un seul camp ou les relais d'un seul parti, Mediapart a su réunir, dans sa brève mais déjà riche histoire, autour d'initiatives ou de révélations, des personnalités fort différentes, aussi bien gaullistes que socialistes, écologistes que communistes, centristes que radicales."26.
À côté des politiques, on relève des hommes de médias comme Michel Field27, des syndicalistes comme Jean-Claude Mailly28, le secrétaire général de la CGT-FO, ou Patrick Pelloux29, président de l'Association des médecins urgentistes hospitaliers de France (AMUHF) ; mais aussi des avocats (Jean-Pierre MignardWilliam Bourdon30), des historiens (Jean-Pierre Azéma31Gérard Noiriel32André Burguière33Benjamin Stora34,Patrick Weil35), des chercheurs comme le spécialiste des sciences de l’éducation Philippe Meirieu36 ou le mathématicien Michel Broué37, des femmes et hommes de lettres (Jorge Semprún38Stéphane Hessel39Marie Darrieussecq40Thomas Gunzig41Jean-Marc Roberts42Patrick Rotman43Emmanuel Tugny44...), des artistes de cinéma (Cédric Klapisch45) ou de la mode (Muriel Mesguich46), des militants associatifs, des étudiants...

Équipe au 1er juillet 2008

(Entre parenthèses quelques-uns des organes de presse auxquels les journalistes ont collaboré)47

Équipe de direction

Équipe de rédaction initiale

Aspects économiques

La direction de Mediapart considère qu’un journal numérique est un journal au même titre qu’un journal sur support papier. Elle a déposé une demande à la Commission paritaire (direction des médias, premier ministre) pour que Mediapart soit reconnu comme entreprise de presse. Elle ne l'a pas obtenu et a introduit un recours gracieux dans la perspective d’un éventuel appel devant le Conseil d'État48.

Capital

Mediapart a rassemblé un capital de presque 3 millions d’euros pour son lancement le 16 mars 2008, avec une augmentation de 700 000 euros assurée pour le second trimestre 2008.
Sur ces 3 millions, 1,325 million a été fourni par les apports personnels des fondateurs (550 000 investis par Edwy Plenel et le même montant par Marie-Hélène Smiejan, 100 000 euros par Laurent Mauduit, 80 000 euros par François Bonnet, 40 000 euros par Gérard Desportes).
Le complément provient d’une Société des Amis de Mediapart, présidée par le mathématicien Michel Broué, réunissant 46 membres fondateurs (dont Xavier Niel, cofondateur d’Iliad-Free, actionnaire pour 100 000 euros,Maurice Lévy, PDG de Publicis, pour 5 000 euros, François Vitrani, directeur général de la Maison de l’Amérique latine, pour 5 000 euros également). La SAM représente un montant total de 504 000 euros, auxquels s’adjoint 1 million d’euros à parts égales entre les investisseurs Écofinance (Jean-Louis Bouchard) et Doxa Jean (Thierry Wilhelm)49.

Modèle économique

Le journal a choisi une parution sans publicité. L’accès à la page d’accueil est gratuit mais la lecture du journal lui-même n’est possible que par abonnement payant (tarifs en 2008 : 9 € par mois, 5 € pour les étudiants et chômeurs, 15 € pour un abonnement de soutien ; abonnements annuels à 90, 50 et 150 €). L’adhésion payante est conçue comme le seul moyen de garantir au lecteur qualité éditoriale et véritable indépendance.
Ce choix économique résulte, selon les fondateurs de Mediapart, des difficultés que connaît la presse française : « seul le Web permet de lancer aujourd’hui en France un quotidien indépendant d’information généraliste. Tous les autres supports nécessitent des investissements initiaux très lourds, donc dépendants de puissances financières, soit directement en tant qu’actionnaires, soit indirectement en tant qu’annonceurs publicitaires. » Cette défense d'une presse payante doit affronter le mode de fonctionnement traditionnellement gratuit sur l'Internet, d'aucuns voyant déjà « Mediapart : mort-né ».
Le principe du gratuit, qui a tant bouleversé ces dernières années la presse en ligne comme les journaux traditionnels, arriverait au contraire selon les promoteurs de Mediapart à ses limites. Son choix de devenir un journal de référence passerait ainsi par la réaffirmation d'une presse payante : « les recettes publicitaires actuelles sur Internet sont calculées pour des millions de visiteurs, donc pour un contenu attirant une audience grand public peu compatible avec les exigences d’une presse de qualité et de référence. »
L’objectif affiché est enfin de rassembler environ 65 000 abonnés au bout de la troisième année, ce qui permet d’évaluer à environ 4 millions d’euros les besoins de financement du journal sur la période. Le directeur éditorial, François Bonnet, a déclaré le 17 juin 2008 que le site avait 8 000 abonnés50.
En juin 2010, un journaliste de Mediapart indique que « le plan a été revu pour pouvoir atteindre un équilibre financier autour de 40 000 et reculer l'échéance à 2012. Ce qui laisse un an et demi pour trouver 15 000 ou 20 000 nouveaux abonnés »51. Le déclenchement de l'affaire Woerth-Bettencourt a fait gagner au site 5 000 abonnés au mois de juin, site qui en compte près de 30 00052 en juillet 2010.
En septembre 2010, les 40 000 abonnés sont atteints53. 47 500 abonnés sont comptabilisés début 2011, assurant l'équilibre financier du titre2.
Lors de la conférence de presse anniversaire des 3 ans, le 10 mars 2011, les indications suivantes sont fournies 54:
  • Mediapart a arrêté de perdre de l'argent depuis septembre 2010
  • bilan 2010 : 4,4 millions d'euros de dépenses, 3 millions d'euros de recettes
  • 46800 abonnes actifs payants fin 2010, 49.000 abonnés à ce jour en comptant les licences
  • 95% des revenus de Mediapart viennent de l'abonnement
  • équipe de 36 CDI, 1 CDD et des stagiaires
  • 20% des abonnés sont des abonnés annuels à 90 euros
  • Plus de 90% des abonnés à 1 euro continuent après la période d'essai
  • Mediapart a levé 5,7 M€ depuis sa création, en majorité fondateurs, salariés et amis de Mediapart
  • objectif 58.000 abonnés fin 2011
  • Lectorat: Au départ 60% régions, 40% Idf, 90% en France, fréquentation continue
D'après le site Rue8955 et l'Observatoire des subventions56, Mediapart a, pour l'année 2009, reçu de l'Etat 200 000 euros de subventions, devenant ainsi un des premiers « journaux en ligne » à en bénéficier.

Contenus

Dans la pratique, Mediapart se présente avec deux entrées principales : Le Journal, tenu par les journalistes professionnels de la rédaction, et Le Club, animé par les internautes abonnés. Le pari de Mediapart est donc de faire cohabiter les articles de la rédaction du journal et les contributions des lecteurs (dans les éditions participatives, dans les blogs personnels : « ses lecteurs ont la liberté de faire vivre le débat, de le susciter et de l'animer par leurs contributions, de l'organiser depuis leurs éditions collectives, de le prolonger dans leurs blogs individuels »), la modération se faisant selon un principe de responsabilité individuelle et collective. Par delà l'indépendance éditoriale et économique, l'articulation bi-céphale entre Club et Journal serait, dans l'architecture même du site, la condition sine qua non pour faire de Médiapart « le journal de ses lecteurs ». La charte de participation à Mediapart expose les motifs et règles déontologiques en vigueur 57.
Les contenus du journal sont actualisés trois fois par jour (9 h/13 h/19 h). Chaque « Une » du journal (page d'accueil, page International, page France, page Économie, page Culture et idées) se présente en deux volets : la « Une » de la rédaction de Mediapart et la « Une » du Club, sélection d'articles des éditions ou de billets des blogs opérée par Mediapart. Le Club possède sa propre entrée, dont les articles mis en avant sont également choisis par la rédaction de Mediapart.

Enquêtes et dossiers

Mediapart s’est rapidement imposé par ses enquêtes fondées sur des documents (parfois non rendus publics mais vérifiés). Ce fut le cas dès le début avec « Les Folles Dépenses de la ministre Rachida Dati », mais aussi avec la publication du réquisitoire du Parquet dans l’affaire Kerviel.
Un article, fondé sur une étude interne à la CGT (« Présence, audience de la CGT, un état des lieux »), a permis de mieux comprendre les débats qui traversent la centrale syndicale et d’approcher plus précisément ses effectifs réels. Une étude qualitative interne à GDF, portant sur le moral des cadres de l’entreprise pendant la période de la fusion avec Suez, a été remarquée.
Les articles sur l’affaire EADS et les enquêtes des marchés financiers, sur les revenus des responsables des groupes du CAC 40, sur le « LBO, l'incroyable jackpot du monde fou de la finance », sur la volonté d’Arevad’acheter le parc nucléaire britannique, ont provoqué des remous dans les milieux enquêtés et parfois ont amené les responsables d’entreprise ou leurs chargés de communication à rompre avec leur refus initial de répondre aux questions du journal.
En revanche, un article comme « Des juges contournent la loi pour utiliser des tests ADN "ethniques" »58, n’a trouvé qu’un écho très limité dans le reste de la presse.
La rédaction de Mediapart prétend ainsi s'appuyer sur des articles d'investigation et d'analyse plus fouillés que ceux produits par la presse traditionnelle. Ce qui pose la question de la relation qu'entretiennent les autres journaux avec un nouveau-venu dans le paysage médiatique français : il semblerait en effet, selon l'article du 25 juin 2008 signé par la rédaction de Mediapart59, que de nombreux confrères (l'AFP serait particulièrement visée) ont emprunté plusieurs informations exclusives sans respecter les règles d'usage dans ce cas.
Le 16 juin 2010, Mediapart a révélé l'existence et le contenu d'enregistrements effectués clandestinement en 2009 et 2010 au domicile de Liliane Bettencourt par son majordome, et montrant des relations inconnues jusqu'alors entre celle-ci et plusieurs membres du gouvernement, en particulier Éric Woerth et Valérie Pécresse, ainsi qu'avec le président de la République Nicolas Sarkozy lui-même, déclenchant l'affaire Woerth-Bettencourt60. Cependant, le 8 juillet 2010, le rapport d'un nouvel interrogatoire subi par l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, dont Le Figaro s'est procuré une copie, ferait apparaître que Mediapart aurait « romancé » les propos de l'ex-comptable en impliquant le président de la République61. La rédaction de Mediapart répond que l'article a retranscrit fidèlement les propos du témoin recueillis en présence de tiers62,63 et publie intégralement le procès-verbal de la déclaration de la comptable aux enquêteurs pour confirmer sa position. Commentant l'éclosion de cette affaire qui, selon lui, « affole le camp Sarkozy », le New York Times souligne que Mediapart propose unjournalisme d'investigation que les médias dominants ne proposent plus guère en France64.

Éditions participatives

Les éditions participatives sont des journaux thématiques collectifs publiés dans le Club. Les abonnés peuvent demander la création d’une édition participative sur une thématique précise selon leurs domaines d'expertise, leurs centres d'intérêts (arts, histoire, politique, divertissements, région, ville ou pays...). Certains journalistes de Mediapart sont également rédacteurs en chef d'une édition. Le but de ces éditions est de créér un contenu participatif, appariant Journal et Club. Le créateur d'une édition en devient le coordonnateur et animateur. Les éditions participant à Mediapart doivent, à ce titre, comme chaque contenu posté sur ce site, respecter la charte éditoriale.
Plus de 250 éditions ont été créées en date de 2010. Elles couvrent un spectre large et parmi les plus recommandées par les lecteurs, on peut distinguer les éditions suivantes :
Plus récemment, des éditions consacrées aux polars ou aux magazines ont été créées (l'édition Revues a été créée par Patrice Beray)

Le Club et ses blogs

Le Club et ses blogs se substituent de fait aux pages « Débats », « Idées », « Points de vue » (, etc.) de la presse papier, tandis que les commentaires des articles et billets remplacent les « courriers des lecteurs ».
Les blogs, au nombre de 400, jouent parfois un rôle de premier plan dans l’information. Par exemple, le blog « Histoire et politiques scolaires » de l’historien Claude Lelièvre assure une veille constante sur les questions de l’éducation. Les blogs d’autres historiens, politologues, économistes, à la renommée établie, sont également pourvoyeurs d’articles choisis par la rédaction pour figurer à la Une générale ou à la Une de chacune des quatre rubriques de base de Mediapart : Benjamin StoraPaul AllièsBastien François
Certains blogs de journalistes sont relativement bien suivis. Le blog de Vincent Truffy, de concert avec celui de « Christel », une cadre en entreprise au blog vivant qui en avait eu l’initiative, a abrité une série en neuf épisodes65qui a suscité de nombreux commentaires.
Ce ne sont pas seulement les journalistes qui rendent compte de l’étranger : voir, par exemple, le blog de Yolaine Maillet (sur l’Irlande), le blog de Jean-Louis Legalery qui jette souvent un regard sur le monde à partir de la presse anglaise ou américaine.
Des blogs d’orientations politiques diverses se sont fait connaître, comme celui d’Ivan villa (Les Verts), de Philippe Corcuff (NPA), René Lorient (PS), Marie-Anne Kraft (Modem)… Mais on trouve aussi des blogs à orientation philosophique ou politico-philosophique (Mathieu Potte-BonnevilleThierry TernisienJean-Paul Yves Le Goff), littéraire (Stéphane ValletDominique Conil), artistiques (Dominique Wittorski), ou des blogs de dessinateurs (Julien RevenuLabul). Des blogs de professeurs des écoles (Sébastien Rome), de lycéens (Jonathan Dulché) ou simplement citoyens (Gwénaël Glâtre) attirent parfois beaucoup de lecteurs.

Notes et références

  1. « Qui sommes-nous ? »Mediapart
  2. « Mediapart aurait atteint l’équilibre financier », 2 février 2011.
  3. E. Plenel, « Comment MediaPart est devenu Mediapart, premier épisode, deuxième épisode », 14 mars 2008. [1]
  4. Voir versac.net : « Et si le problème de Mediapart, c'était Plenel ? »
  5. Voir la liste des soutiens sur le pré-site de Médiapart
  6. [2]
  7. [3]
  8. [4]
  9. [5]
  10. [6]
  11. [7]
  12. [8]
  13. [9]
  14. [10]
  15. [11]
  16. [12]
  17. [13]
  18. Voir la critique d'Acrimed : « Royal soutient MediaPart : tempêtes dans un verre à dents… longues »
  19. Le Figaro: Quand Ségolène Royal fait de la pub pour Edwy Plenel », 14/12/2007
  20. Les clients de La Netscouade, dont Mediapart et Désirs d'Avenir. [14]
  21. Mediapart, « Ce que j’ai dit chez Ségolène Royal », 3 juillet 2008.
  22. [15]
  23. La vidéo de l'intervention à la Maison de la Chimie. [16]
  24. Médiapart, « Edwy Plenel roule-t-il pour Ségolène Royal ? », 27 juin 2008
  25. Chronique de la recherche (1) : Ségolène Royal est elle soluble dans l'acide ?
  26. Les Carnets libres d'E. Plenel, "Merci !", 11 juillet 2010.
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  52. « Mediapart a gagné 5000 abonnés en juin », L'Expansion.com, 6 juillet 2010.
  53. http://frenchweb.fr/edwy-plenel-le-modele-economique-de-mediapart/
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  55. http://www.rue89.com/making-of/2009/12/30/letat-decide-de-financements-aux-sites-dinformation-en-ligne-131784
  56. http://www.observatoiredessubventions.com/2010/les-subventions-de-la-presse-en-ligne-font-polemique/
  57. http://www.mediapart.fr/charte-editoriale
  58. Des juges contournent la loi pour utiliser des tests ADN "ethniques
  59. « Mediapart, le mur du silence et le marché aux voleurs »
  60. Médiapart, "Sarkozy, Woerth, fraude fiscale: les secrets volés de l'affaire Bettencourt", 16 juin 2010, contenu payant
  61. « Claire Thibout dénonce «la romance de Mediapart» »Le Figaro, 8 juillet 2010.
  62. « Fabrice Lhomme, de Mediapart : « Claire Thibout est en panique » »Rue89, 8 juillet 2010.
  63. « Mediapart: «Romancer les propos de la comptable, ça aurait été signer notre arrêt de mort» »,Libération, 9 juillet 2010.
  64. (en) « French News Web Site Shakes Sarkozy Camp »The New York Times, 8 juillet 2010.
  65. HT, l'amoureux de ML sur Médiapart (Hippolyte 9, VT) | Mediapart

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